Le MICROCHIMÉRISME: Une mosaïque cellulaire entre générations.
- latelierdeletre
- 1 févr.
- 10 min de lecture
Dernière mise à jour : 31 mars
Par Caroline PICOU-NOLL, Thérapeute & Formatrice
Fondatrice de SOMA - La Biologie du Ressenti®

Et si votre corps n'était pas uniquement 'vous' ?
Est-il possible de porter en soi des cellules de sa mère, son enfant, de ses frères et sœurs… voire d’un jumeau disparu dont on ignorait l’existence ?
Réparer un cœur, soigner des tissus, influencer notre système immunitaire… Que nous révèlent ces cellules étrangères, et pourtant si familières, qui vivent en nous ?
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Si certaines transmissions sont visibles, comme les traits physiques ou les comportements, d’autres semblent se jouer à des niveaux plus subtils. Certaines émotions, certains ressentis, douleurs et symptômes inexpliqués, semblent parfois surgir d’un ailleurs dont nous ignorons tout. Comme si notre corps conservait des empreintes d’histoires plus anciennes.
En séance, ce constat revient souvent. Des sensations sans cause apparente, des schémas émotionnels persistants, des impressions de porter une présence, une mémoire, une tension qui semble ne pas vraiment nous appartenir, tout en étant au fond bien à soi. Il s'agit là d'une dimension qui dépasse effectivement la seule transmission psychologique ou éducative. Quelque chose d'ancré dans le corps, agissant sur la manière dont il se construit, réagit et mémorise. Au-delà d’une simple métaphore, notre corps se fait le conteur de dialogues entre notre histoire et celles qui nous précèdent.
Bien avant d’en comprendre les bases biologiques, nombreux sont ceux qui ressentent intuitivement ces liens, ces résonances inexplicables qui semblent nous traverser. Comme si nos corps savaient déjà ce que la science commence à peine à démontrer...
Et si cette mémoire inscrite en nous n’était pas seulement intuitive ou symbolique, mais aussi biologique ?
Au-delà de l'épigénétique, qui a déjà montré comment les expériences de nos ancêtres influencent l’expression de nos gènes, le microchimérisme ouvre une porte vers une compréhension encore plus fine des transmissions dites "invisibles". Il s’agit du phénomène par lequel des cellules issues d’un autre individu s’intègrent et persistent dans un organisme hôte.
Ces cellules peuvent provenir principalement du lien materno-fœtal, où la mère et l’enfant échangent des cellules pendant la grossesse, certaines persistant dans leurs organismes respectifs durant des décennies ; d’un jumeau évanescent (disparu in utero), dont les cellules restent présentes dans le corps de son frère ou sa sœur ; de greffes d’organes, de transfusions sanguines ou de transplantations de moelle osseuse, où des cellules d’un donneur s’intègrent au receveur.
Ces "étrangères" dans notre organisme ne sont pas de simples passagères : elles peuvent migrer, interagir avec notre organisme, influencer nos réponses immunitaires et même participer à la réparation de tissus endommagés.
Quelles traces portent-elles ? Quel est leur devenir ? Et surtout, comment influencent-elles notre corps, nos ressentis, voire notre histoire biologique ?

Les dernières études sur le microchimérisme semblent suggérer que ce qui était autrefois perçu comme purement métaphorique, "porter les mémoires d’autres que soi", trouve aujourd’hui un écho dans la biologie. Ces cellules qui coexistent en nous portent-elles donc des traces, des "empreintes" d’événements vécus par d’autres avant nous ? Peuvent-elles contribuer à éclairer l'origine de certains symptômes, ou ces émotions récurrentes qui semblent appartenir à une autre époque que la nôtre ? Elles influencent nos fonctions, nos ressentis et, peut-être même, certains de nos choix à des niveaux insoupçonnés.
La réponse n'est jamais unique et nos symptômes ne sont pas réductibles exclusivement à des histoires passées. Mon travail, comme celui d'autres approches complémentaires, consiste à ouvrir des espaces de compréhension. Ce qui relevait autrefois du "mystère" ou de "l’inexplicable" trouve aujourd’hui des bases tangibles. Ces découvertes sont des pistes et des clés supplémentaires qui nous permettent d’éclairer ce qui nous habite; dans ma pratique de La Biologie du Ressenti®, et dans des disciplines connexes comme la psychogénéalogie, certaines approches en psychosomatique ou travaux sur les mémoires cellulaires, ces observations trouvent un écho vibrant.
Il ne s’agit pas ici d’interpréter ou de plaquer un sens tout fait sur les ressentis, mais bien d’écouter, d’accueillir ce qui se joue au croisement du corps, des émotions et des transmissions.
Notre corps est bien plus qu’un assemblage d’organes ou un "outil fonctionnel". Il est une mémoire vivante, une mosaïque d’histoires, un espace où le passé et le présent et même le futur se rencontrent. Lorsque nous prenons le temps de le ressentir, de l’écouter, et de nous accueillir tels que nous sommes, nous découvrons que ces 'fragments', loin de nous alourdir, nous invitent à une véritable rencontre avec nous-même et les autres. Caroline Picou-Noll

Certaines cellules échangées in utero restent dans le corps de la mère bien après la naissance du bébé. Elles peuvent migrer dans divers tissus, la moelle osseuse, les poumons ou d'autres organes et y demeurer. Il arrive même qu'elles soient transmises à d’autres enfants, lors de grossesses ultérieures, créant ainsi une lignée cellulaire élargie qui relie plusieurs générations.
Aussi incroyable que cela puisse paraître, il est possible de porter des cellules œuf de ses frères ou sœurs, acquises in utero via la mère. Cela inclut les jumeaux évanescents, des embryons non viables ou des fausses couches, dont les cellules peuvent coexister dans le corps de leur frère ou sœur vivant, créant un lien biologique brouillant la frontière entre le "moi" et l’"autre". Alors, sommes-nous uniquement nous-mêmes, ou une mosaïque vivante d’héritages biologiques ?
Les découvertes sur le microchimérisme ne sont pas de simples curiosités scientifiques ; elles révèlent des histoires de vie aussi surprenantes qu’insolites. La journaliste scientifique Lise Barnéoud explore ce phénomène en profondeur dans "Les cellules buissonnières", un ouvrage qui met en lumière des récits fascinants révélant l’ampleur insoupçonnée de ces échanges cellulaires. Voici quelques exemples tirés de ses recherches :
Une femme qui porte les cellules de sa sœur disparue in utero : lors d’un examen génétique, une femme découvre qu’elle abrite des cellules provenant d’un embryon jumeau disparu au début de la grossesse de sa mère. Ces cellules ont pendant des années coexisté avec les siennes, témoignant d’un lien invisible cependant indéniable.
Des cellules fœtales qui réparent le cœur d’une mère : une femme victime d’un infarctus apprend que des cellules provenant d'une de ses grossesses passées se sont logées dans son cœur et ont contribué à réparer les tissus endommagés et limité les dégâts de l’attaque cardiaque.
Une femme qui accouche de ses neveux : lors de la première grossesse de la mère, des cellules fœtales issues du premier bébé migrent dans le corps maternel. Ces cellules sont ensuite transmises au cours de la seconde grossesse à la petite sœur, rendant son organisme porteur des cellules du premier bébé, sa sœur aînée.
Pendant sa propre grossesse, ces cellules contribuent au développement des embryons qu’elle porte, créant des liens biologiques improbables, et pourtant ; ses enfants sont aussi ses neveux biologiques ! Parenté génétique ou gestationnelle... les enfants étant génétiquement ceux de sa sœur, les notions de maternité biologique s'en trouvent bouleversées.

Lorsque nous parlons d’héritage biologique, nous pensons souvent à la génétique et à l’ADN. Pourtant, avec le microchimérisme, une autre forme de transmission entre en jeu : une cellule entière, avec TOUT le patrimoine génétique de son donneur, peut s’installer dans un autre corps et y persister durablement.
Chacune de ces cellules œuf représente son donneur dans sa totalité. Une fois intégrée à l’organisme hôte, elle peut se transformer en n’importe quelle cellule spécifique, en fonction du tissu où elle migre : cellule cardiaque, hépatique, immunitaire, neurone…
Elles ne se contentent pas d’exister passivement; ces cellules s’intègrent pleinement et participent activement aux fonctions biologiques de l’hôte, devenant une partie de lui tout en conservant l’identité de leur donneur.
Ce processus va bien au-delà de la seule hérédité génétique : chaque cellule microchimérique incarne un lien biologique vivant, mouvant, et capable d’adaptations encore à l’étude.
Cette fascinante capacité d’intégration et d’adaptation ouvre aussi de nouvelles perspectives en médecine régénérative et en immunologie.
Réparation des organes : les cellules microchimériques ont été observées dans des organes comme le cœur, comme illustré plus haut, contribuant activement à la cicatrisation et à la régénération après des blessures telles qu’un infarctus. Ce rôle régénérateur pourrait ouvrir la voie à des traitements innovants notamment pour les maladies cardiovasculaires.
Lutte contre les maladies dégénératives : grâce à leur potentiel de différentiation, elles pourraient un jour être utilisées pour pour restaurer des cellules défaillantes dans des maladies comme Parkinson ou Alzheimer.
Amélioration de la tolérance immunitaire : dans le contexte des greffes d’organes, les cellules microchimériques pourraient jouer un rôle crucial dans la réduction des rejets et l’amélioration de la compatibilité immunitaire entre donneur et receveur. Leur capacité à s’intégrer dans l’organisme tout en apaisant les réponses immunitaires ouvre des perspectives prometteuses pour la médecine transplantologique.
Ces cellules ne se contentent donc pas d’être des témoins silencieux de nos histoires familiales. Elles participent activement à notre biologie, influencent notre santé et pourraient même ouvrir la voie à de nouvelles approches thérapeutiques.

Si ces cellules étrangères peuvent coexister durablement dans l’organisme, elles ne sont pas toujours silencieuses. Elles interagissent avec le système immunitaire, qui doit en permanence ajuster sa perception entre tolérance et réponse.
Dans la plupart des cas, ces cellules sont intégrées sans déclencher de réaction particulière. Mais selon le contexte, l’organisme peut les identifier comme des éléments "étrangers" et déclencher une réponse inflammatoire.
Or, ce que l’on qualifie habituellement de maladie auto-immune (une attaque du système immunitaire contre ses propres cellules) pourrait, dans certains cas, être en réalité une réaction allogénique. Autrement dit, il ne s’agirait pas d’un dérèglement où l’organisme s’attaque à lui-même, mais plutôt d’une réponse dirigée contre des cellules venues d’ailleurs, issues du microchimérisme.
Par exemple, dans des pathologies comme le lupus ou la sclérodermie, où l’on observe une hyperactivation du système immunitaire, il est envisageable qu’une partie de cette réponse ne soit pas contre le "soi", mais bien contre des cellules héritées d’un autre individu (mère, enfant, jumeau disparu,etc.).
Pourquoi est-ce important ? Cette distinction ouvre une perspective nouvelle : des pathologies que nous considérons comme "auto-immunes" pourraient être requalifiées en réactions allogéniques. Ce qui change la manière dont on les comprend… et la manière dont on les aborde, encore plus particulièrement en décodage.
Tout se joue dans un équilibre mouvant, où la mémoire biologique interagit en permanence avec la mémoire immunitaire. L’organisme ne cesse de s’adapter en fonction de l’environnement, du niveau d’inflammation, et des signaux qu’il reçoit au fil du temps. Il ne s’agit pas d’une simple opposition entre intégration et rejet, mais d’un processus adaptatif, où le corps ajuste sa tolérance et active ses défenses lorsqu’une cellule est perçue comme une menace.
Les recherches sur ces cellules ne sont qu'au commencement Leur plasticité et leur capacité à interagir avec notre organisme ouvrent un champ d’exploration vertigineux, où médecine régénérative et compréhension du vivant s’entremêlent.

Le microchimérisme invite à repenser l’identité non plus comme un état figé, mais comme un mouvement, une dynamique en perpétuelle écriture. Si nos corps portent des cellules venues d’un autre être, alors qu’est-ce que cela dit de ce que nous sommes ? Ce phénomène illustre un point fondamental : nous ne sommes pas une simple accumulation d’héritages, mais un espace vivant d’interactions, d’adaptations et de choix.
En résonance avec La Biologie du Ressenti®, cette compréhension ouvre de nouvelles perspectives sur la manière dont nous nous percevons et nous incarnons. Ces cellules, qui voyagent entre générations, ne sont pas de simples vestiges : elles interagissent, influencent et participent à notre équilibre biologique autant qu’à notre façon d’être au monde. Leur existence nous rappelle que nous sommes traversés d’histoires, et que nous avons la liberté de choisir celles que nous faisons nôtres.
Nous ne sommes pas définis par ce que nous portons, mais par la manière dont nous l’habitons. Loin de nous enfermer, ces transmissions nous invitent à nous repositionner, à clarifier ce qui nous appartient et à nous inscrire pleinement dans notre propre trajectoire, forts de ce qui nous met en mouvement.
Nous sommes un espace mouvant, en perpétuelle interaction avec ce qui nous traverse. Ce que nous appelons "notre corps" est en réalité un assemblage dynamique, tissé de cellules issues de multiples origines, qui coexistent, s’adaptent, s’intègrent ou parfois résistent.
Longtemps perçue comme une 'anomalie', cette cohabitation biologique révèle une autre facette de notre identité : nous sommes multiples, traversés de mémoires, de traces et d’empreintes, et pourtant profondément uniques.
Le microchimérisme ne fait pas qu’interroger nos définitions biologiques : il ouvre des perspectives, sur le fonctionnement du vivant, et aussi sur la manière dont nous nous percevons ; si nos cellules portent l’histoire d’autres avant nous, quelles histoires choisissons-nous d’écrire à travers elles ?
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Séminaire - Masterclass immersive "Empreintes fondatrices":
du 1 au 3 mai 2025 : Un espace pour explorer les premières empreintes de la vie, depuis la pré-conception jusqu’aux premiers instants de vie, et comprendre comment ces périodes influencent nos schémas actuels. Ce séminaire invite à mettre en lumière et à réinterpréter les mémoires ancrées dans le projet de vie, la gestation, et les étapes précoces, pour retrouver plus de fluidité et de bien-être dans sa vie.
Prérequis : SOMA 1 ou ATELIER "Symptôme & Sens" (voir l'agenda 2025)
du 7 au 9 juin (férié) 2025 : Un espace dédié au décodage des transmissions émotionnelles et à l’exploration des dynamiques familiales profondes. Ce séminaire permet de reconnaître les empreintes transgénérationnelles présentes en nous, de mieux en comprendre les mécanismes et d’ouvrir des voies d'apaisement et d'équilibre.
Prérequis : SOMA 1 ou ATELIER "Symptôme & Sens"(voir l'agenda 2025)
