Par Caroline PICOU-NOLL, Thérapeute & Formatrice
Le cancer du sein peut-il être influencé par des mémoires émotionnelles héritées ?
Les ressentis de nos aïeules peuvent-ils encore marquer nos corps aujourd’hui ?
Quel serait le rôle des cellules échangées pendant la grossesse, qui restent dans le corps pour toujours ?
Peut-on explorer et transformer ces mémoires pour retrouver un nouvel équilibre ?
Les mémoires du sein : cancer, héritages transgénérationnels et microchimérisme
Dans mon précédent article sur le décodage du cancer du sein, j’évoquais les multiples dimensions de cette maladie et les pistes d’exploration proposées à travers l'approche de la Biologie du Ressenti®. Aujourd’hui, allons plus loin et posons-nous cette question : et si certaines maladies trouvaient leurs racines dans des empreintes plus subtiles, influencées par ce que nous portons en nous, bien au-delà des simples gènes ?
La recherche scientifique et les approches thérapeutiques actuelles montrent que nos corps sont des réceptacles d’héritages invisibles, transmis d’une génération à l’autre. Ces transmissions ne se limitent pas à l’ADN. Elles incluent des empreintes émotionnelles et biologiques, qui peuvent être liées à des conflits passés et à des réponses adaptatives du corps devenues obsolètes et inadaptées.
Nous allons explorer cette hypothèse en mettant en lumière deux concepts : la mémoire transgénérationnelle et le microchimérisme. Nous verrons comment ces phénomènes pourraient éclairer une compréhension plus large du cancer du sein et d'autres pathologies.
Une exploration de la mémoire cellulaire dans le cancer du sein
Lorsque l’on parle de cancer, les explications traditionnelles pointent souvent vers l’hérédité, le mode de vie ou l’environnement. Cependant, une dimension supplémentaire s’ouvre lorsque nous considérons les transmissions transgénérationnelles.
Ces mémoires biologiques, qui dépassent les simples gènes, sont comme des empreintes laissées par les expériences de nos ancêtres. Dans certains cas, elles pourraient participer à des vulnérabilités spécifiques ou à l’apparition de certaines maladies.
Dans la perspective transgénérationnelle, le cancer du sein est parfois interprété comme une expression de mémoires émotionnelles liées au "nid" : la famille, la protection des proches, ou encore des tensions associées au rôle maternel.
Exemple concret : Une aïeule ayant traversé une période d’insécurité extrême, craignant pour la survie de ses enfants, pourrait transmettre cette empreinte émotionnelle à travers sa lignée. Des décennies plus tard, une de ses petites-filles, confrontée à un événement stressant similaire rappelant ce conflit de protection initial, pourrait développer une vulnérabilité particulière au niveau de cet organe de maternage.
Cette approche ne prétend pas expliquer tous les cancers, mais elle offre une perspective complémentaire, ouvrant des pistes pour explorer le sens de certains vécus.
Microchimérisme fœtal : ces cellules qui racontent une histoire
Parmi les phénomènes méconnus, le microchimérisme intrigue particulièrement et éclaire encore davantage nos connexions biologiques et émotionnelles. Pendant la grossesse, des cellules fœtales migrent vers le corps de la mère, où elles peuvent rester présentes pendant des décennies. À l’inverse, des cellules maternelles traversent le placenta pour s’installer dans l’organisme du fœtus.
Ces cellules, porteuses d’une "mémoire biologique", tissent des liens invisibles entre générations. Elles ne se contentent pas de cohabiter ; elles peuvent aussi influencer les organes et les systèmes biologiques de celui ou celle qui les porte. Ce phénomène crée une sorte de pont entre les générations, où chaque cellule devient un témoignage de l’histoire familiale.
Dans le contexte du cancer du sein, les cellules fœtales présentes dans le corps d’une mère peuvent participer à la modulation de son système immunitaire. Selon les conditions, elles peuvent avoir un rôle protecteur, en favorisant la régénération tissulaire, ou au contraire contribuer à des déséquilibres, parfois des décennies après la naissance de l’enfant.
Exemple concret : Imaginons une femme ayant vécu un stress important durant sa grossesse. Les cellules fœtales de son enfant, marquées par ce contexte, pourraient influencer son équilibre biologique bien après l’accouchement. Ces cellules pourraient participer à l’apparition de symptômes, comme si elles portaient en elles un fragment de cette expérience émotionnelle vécue.
Applications thérapeutiques et libération des mémoires
En prenant en compte ces mémoires transgénérationnelles et des phénomènes comme le microchimérisme, il devient possible d’approcher certaines maladies sous un nouvel angle. Le corps peut être vu comme le lieu où se croisent les histoires de plusieurs générations. En travaillant sur ces mémoires, on peut parfois soulager des maladies, des douleurs chroniques, apaiser des ressentis inexpliqués, ou mieux comprendre certains schémas répétitifs.
Dans ma pratique, j’observe que ce travail peut parfois faire émerger des sentiments de culpabilité, notamment chez les parents qui craignent d’avoir "transmis" des maladies ou des troubles à leurs enfants. Celle-ci peut se transformer en un poids émotionnel, bloquant toute réflexion ou action. Il est important de distinguer la transmission de la culpabilité et de la responsabilité personnelle.
Les empreintes biologiques ou émotionnelles transmises à travers les générations ne relèvent pas d’une volonté consciente. Ces transmissions sont le fruit de mécanismes biologiques automatiques ou de stratégies d’adaptation.
Par exemple, des recherches en épigénétique montrent que des événements traumatiques vécus par une génération peuvent modifier l'expression des gènes, sans en changer la structure. Ces modifications, initialement conçues pour répondre à un contexte spécifique, peuvent se transmettre sur plusieurs générations, même si elles deviennent inadaptées dans un environnement différent. Ce processus n’est pas intentionnel : il reflète plutôt une dynamique évolutive où le corps et l’esprit s’ajustent pour survivre.
Le travail d’exploration transgénérationnelle invite à retrouver un sens plus large de la responsabilité. Non pas une responsabilité accablante, mais bien une ouverture qui permet de se saisir de son propre pouvoir de transformation.
Si nous reconnaissons les mémoires et empreintes qui nous traversent, nous pouvons alors les interroger, les conscientiser et peut-être ne plus les transmettre de manière passive une fois mises à jour. Cette responsabilité, loin d’être limitante, devient une force d’émancipation et de transformation.
Une histoire qui s’écrit au présent
Dans cet article nous avons exploré l’idée que certaines maladies, comme le cancer du sein, pourraient être influencées par des mémoires transgénérationnelles et des cellules héritées. Ces empreintes, qu’elles soient biologiques ou émotionnelles, ne sont pas des condamnations ni des chaînes inéluctables. Au contraire, elles révèlent souvent l’expression de ressentis réprimés ou inconscients qui, une fois reconnus, peuvent ouvrir des voies de transformation et d’apaisement.
Comprendre ces transmissions, c’est aussi explorer les multiples façons dont le corps exprime ce qui a été enfoui, tant à l’échelle individuelle que familiale. Il s’agit d’accueillir ces empreintes comme des pistes, de s’autoriser à entendre ce qu’elles racontent, et d’en faire un point de départ vers une plus grande liberté intérieure. Lorsque ces mémoires sont mises en lumière, elles cessent d’être figées et deviennent malléables, permettant un dialogue entre ce qui nous a été transmis et ce que nous souhaitons transmettre à notre tour.
Ce chemin n’est pas linéaire. Il nécessite une écoute respectueuse de ce que le corps exprime, ainsi qu’une patience envers soi-même et son histoire; à chaque étape, cette exploration peut être profondément libératrice : elle permet d’apaiser les conflits latents, de rétablir un équilibre et, parfois, et de révéler des forces insoupçonnées au-delà des douleurs.
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Dans les articles à venir, nous approfondirons deux dimensions essentielles de cette réflexion : "Transmission transgénérationnelle et mémoires in utero" : Comment les ressentis biologiques et émotionnels s’inscrivent dès les premières étapes de la vie, influençant nos schémas actuels & "Le Microchimérisme : Une mosaïque cellulaire entre générations" : Ce phénomène fascinant d'échanges cellulaires notamment entre mère et enfant, qui participent à la mémoire biologique et émotionnelle.
Pour aller plus en profondeur dans l'exploration de ces thématiques, vous avez la possibilité de participer à différents séminaires SOMA :
Formation - Masterclass immersive "Empreintes fondatrices : projet sens, vie in utero et cycles mémorisés" – les 12 et 13 avril 2025 : Un espace pour explorer les premières empreintes de la vie, depuis la conception jusqu’aux cycles mémorisés, et comprendre comment ces périodes influencent nos schémas actuels. Ce séminaire invite à mettre en lumière et à réinterpréter les mémoires ancrées dans le projet de vie, la gestation, et les étapes précoces, pour retrouver plus de fluidité et de cohérence dans son parcours.
Formation - Masterclass immersive "Psychogénéalogie et hérédité des troubles" – les 5 et 6 juillet 2025 : Un espace dédié au décodage des transmissions émotionnelles et à l’exploration des dynamiques familiales profondes. Ce séminaire permet de reconnaître les empreintes transgénérationnelles présentes en nous, de mieux en comprendre les mécanismes et d’ouvrir des voies d'apaisement et d'équilibre.